La crue redoutée du lac sous-glaciaire Grimsvötn a débuté hier matin à un rythme violent, à la suite de l'éruption volcanique
du glacier de feu islandais Vatnajökull, risquant de provoquer de vastes inondations dans cette région inhabitée de l'île
nord-Atlantique, a annoncé l'Institut islandais de géothermie. L'eau de fonte du lac se déverse à raison de 7.000 m3 par
seconde vers la mer, menaçant les ponts et les routes, à 200 kilomètres à l'est de la capitale Reykjavik.
A la suite de l'éruption du volcan il y a un mois, l'eau de fonte s'est accumulée dans une immense poche de 9 milliards de
mètres cubes, le lac sous-glaciaire Grimsvoetn, et a creusé un cheminement sous la glace. Les eaux glaciaires sortent par des
tunnels souterrains et se ruent en flots violents sur les sables noirs volcaniques vers la mer. Le débit d'eau augmente
"à un rythme jamais vu" et il pourrait atteindre les 40 à 50.000 m3 par seconde dans les prochains jours.
Tgudnunddur Sigealdason, directeur de l'Institut géothermique d'Islande, est cependant moins alarmiste et estime que tout
dépendra de l'évolution de la crue. "Si la montée des eaux se fait à un rythme régulier, le pire pourra être évité." L'eau du
lac devrait, selon le scénario des crues précédentes, élargir progressivement le couloir qu'elle s'est frayé sous la glace.
Le débit de la débâcle devrait, selon les spécialistes, augmenter progressivement pour atteindre son maximum après
trois jours.
Aucune vie n'est cependant menacée. Les premières habitations se trouvent, en effet, dans un hameau, près du parc national de
Skaftafell, à 25 kilomètres du lieu de la débâcle. La libération des eaux a été précédée par une série de secousses
sismiques durant la nuit, seize fois plus fortes que celles des derniers jours, dégageant de fortes odeurs de soufre, selon
l'Institut islandais de géothermie. La route nationale qui longe la côte sud du pays, à 200 kilomètres à vol d'oiseau de
Reykjavik, est déjà submergée. Prévoyant la débâcle après l'éruption volcanique sous l'immense glacier islandais
(8.000 kilomètres carrés), le 2 octobre dernier, les responsables de la Protection civile avaient fait creuser des tranchées dans la
route pour faciliter l'écoulement des eaux. De violentes inondations, provoquées par la colère du glacier de feu
islandais, s'étaient déjà produites en 1938 et en 1954. Il y a quarante-deux ans, la vallée sous le pied du glacier
Vatnajökull avait été inondée.